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Carnage : le livre qui met les pieds dans le plat de notre rapport au vivant

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Photo : Morning Brew

En cette semaine marquée par différentes actualités autour de la condition animale (voir ici au sujet de la maltraitance observée par L214 dans élevage de canards , là concernant la chasse à la glu ou ici concernant le débat public autour du bien-être animal), et à une période où le barbecue et la pratique de la pêche restent de saison, il est un livre dont la sortie tombe pile dans l’ère du temps pour interroger notre rapport à la viande, à la chair, aux animaux et à l’exploitation du vivant dans son ensemble.

Il est temps d’appeler un carnage… un carnage

Jean-Marc Gancille est un habitué des formules chocs et petites phrases qu’il aime à disséminer comme des coups de poing rhétoriques fait d’une radicalité qui, pour beaucoup, le fait passer pour trop excessif sur les réseaux sociaux. Ou, c’est selon, un « pur » désireux d’en découdre pour sauver ce qu’il reste à sauver du vivant, sans commencer par ses con-génères.

Inutile de lui demander ce qu’il pense, donc, de la sortie du livre de Willy Schraen, car son mur Facebook s’en fait déjà l’écho, en déplorant la caricature et l’obscénité dont font l’objet ceux qui se préoccupent des animaux. Il en profite, d’ailleurs, pour en remettre une couche : se faire traiter d’Ayatollah, de khmer vert ou de misanthrope relève pour lui d’une logique ultra-dominante dans la société. « Si elle s’exprime de façon bien moins spectaculaire que dans les propos de Schraen elle est partout : chez votre beau-frère qui n’a aucun problème de conscience à manger une côte de boeuf (bio et locale évidemment), chez vos parents qui vous servent encore du thon (parce que les « stocks » se sont reconstitués), chez votre pote collapso qui ne jure que par la traction animale, chez votre oncle gauchiste qui fustige l’agriculture industrielle (et applaudit des deux mains l’abattoir paysan à la ferme), chez vos voisins qui ont passé un bon moment au zoo de Beauval (qui agit vraiment pour la conservation c’est marqué sur la plaquette), chez votre ami d’enfance néo-rural qui vend ses poules au marché, chez votre député écolo qui prétend que l’élevage extensif est bon pour le climat… », souligne-t-il alors, en reprenant une formule de son ouvrage, Carnage, dont la sortie est prévue le 17 septembre chez Rue de l’Echiquier.

Couverture Carnage Gancille

Dans Ne plus se mentir, son premier livre paru en 2019 (toujours chez Rue de l’Echiquier), il avait déjà cette plume acérée et directe pour dresser un constat qui faisait mouche (plus de 10000 ventes) sans pour autant laisser trop d’espoir à la fin. Dans Carnage, les références sont plus nombreuses et détaillées et le style toujours aussi efficace pour expliquer les raisons du combat animaliste qu’il embrasse depuis une dizaine d’années.

Vertige et nausée de chiffres

Pour développer son propos, le co-fondateur de l’espace Darwin, à Bordeaux, désormais en charge de la communication, de la sensibilisation, des études d’impact et du développement chez Globice Réunion, mise avant tout sur les données chiffrées. De ce macabre inventaire qui n’oublie pas d’opérer un périple historique (cf. ci-dessous un petit extrait thématique non exhaustif), on ressort avec une sensation de vertige qui ne peut qu’interroger la manière dont nous utilisons les animaux pour servir nos intérêts humains.

+ Concernant le nombre d’animaux tués pour être mangés : en 2012, le nombre d’animaux terrestres élevés et mis à mort dans le monde pour l’alimentation monte à 67 milliards – 62 milliards de poulets, 1,47 milliards de porcs, 648 millions de dindes, 545 millions de moutons, 444 millions de chèvres, 300 millions de vaches et veaux. Sous l’eau: un recensement sur les poissons sauvages et poissons d’élevage établit les prises à plus de 1000 milliards chaque année…  Aussi « l’espèce humaine tue consciemment, volontairement, chaque minute dans le monde, plus de 2 millions d’animaux. Elle massacre en une semaine 50 fois plus d’animaux que l’ensemble des victimes humaines de toutes les guerres de l’histoire de l’humanité (145 millions dans les 5derniers siècles, dont 75% au 20ème siècle)« .

+ Concernant la chasse : chaque année, 45 millions d’animaux sont tués par les chasseurs Français. Sans compter le piégeage ni le braconnage. Un seul weekend de chasse dans l’Hexagone équivaut à une marée noire de l’Erika : environ 300 000 animaux tués. Sachant que beaucoup d’animaux sont produits pour être chassés – faisans, perdrix grises et rouges, canards colverts, lièvres, cerfs. Un animal sur 4 tué à la chasse est né dans un élevage avec des conditions d’élevage qu’on ne connait pas bien. 91 espèces peuvent être chassées, dont un tiers d’animaux en mauvais état de conservation. En 20 ans le nombre de cerfs abattus est passé de 10000 à 57 000, de chevreuils de 100 000 à 551000, de sangliers de 90 000 à 780 000 (chiffres de l’ONCFS). Et il y aurait entre 1300 et 1500 enclos de chasse en France, avec une artificialisation de la capture qu’on retrouve aussi dans la pêche récréative.

+ Concernant les zoos : on en compte environ 10 000 dans le monde entier – environ 3 millions d’animaux captifs dans le monde pour les aquarium/delphinarium, plusieurs millions voir milliards d’individus. Avec, « derrière chaque aquarium/delphinarium, l’existence d’une holding, d’un fond d’investissement, d’une multitude d’entreprises financières qui engrangent d’énormes sommes d’argent grâce au travail d’animaux captifs et maltraités ».  Au regard des millions d’euros engrangés, l’auteur estime que les sommes allouées à la conservation sont des broutilles: « C’est à l’image de la maison de la conservation au sein du zoo de Beauval, qui n’occupe que 4 mètres carrés sur 40 hectares » relève Jean Marc Gancille. « Mais on a investi 8 millions dans une télécabine pour survoler le zoo et 42 millions dans des hôtels pour une capacité d’accueil de 1400 lits ». Ces structures sont-elles là pour susciter l’émerveillement par la maladie et le mal être ? « Si cela était efficace nous n’en serions pas à ce stade d’effondrement continu de la vie sauvage partout dans le monde », ajoute-t-il.

+ Concernant la pêche : Qu’elle soit « de loisir », « amateure » ou «  sportive », elle n’a plus grand chose à voir avec son image sauvage : des dizaine de milliards de poissons tués chaque année, rien par rapport aux prises industrielles. La pêche commerciale, elle, est pratiquée sur 55% des surfaces marines du globe, soit 4 fois la superficie occupée par l’agriculture sur terre : elle vide les océans avec des modes de capture (chalut, palangre, pêche électrique, pêche au krill…) qui font des ravages. Sans excuser les petits pêcheurs : « ce n’est pas parce qu’ils son petits ou artisanaux que leurs prises ne fragilisent pas le système – à l’échelle mondiale la pêche artisanale fait autant de prise que la pêche industrielle pour la consommation humaine » souligne l’auteur en relevant que la Méditerranée a notamment été vidée ainsi… Info Bonus – dans une enquête parue fin 2018, l’UFC Que Choisir révèle que 86% des cabillauds, soles et bars présents sur les étals des grandes surfaces françaises proviennent d’une pêche non durable, qui pioche dans les stocks déjà surexploités. Sans oublier les captures accidentelles : on estime à 307 753 le nombre de dauphins, baleines et belugas qui en sont victimes chaque année, soit près de 1000 animaux par jour.

+ Concernant l’extinction des espèces – L’homme a déjà contribué à l’extinction définitive de 750 espèces animales, avec la plupart du temps des procédés industriels à même de maximiser les revenus qu’on peut tirer du monde sauvage – Exemple type : les baleines – dans les années 1930, jusqu’à 50 000 baleines sont tuées chaque saison – cosmétiques, cuir, savons, huiles mécanique… Plus de 40% des espèces d’insectes sont en déclin dans le monde, et un tiers des espèces sont en voie de disparition. Depuis 500 ans, 750 espèces animales ont disparu, 2700 sont en voie d’extinction et 12500 sont menacées. Les taux d’extinction sont des centaines, voir des milliers de fois supérieurs au taux historique. A cette vitesse, la barre des 75% d’espèces disparues pourrait être atteinte en quelques centaines d’années… surtout la mégafaune, que nous avons mangé jusqu’à l’extinction.

+ Concernant nos cousins les grands singes – La population d’Orangs Outans de Bornéo a diminué de 53% depuis 1999 en raison braconnage et déforestation. Un million de chimpanzés en 1960s il n’en reste que 300 000 aujourd’hui. Les Bonobos oscillent entre 5400 et 20 000 individus, contre 100000 en 1990. Les Gorilles ? Moins de 120 000 disséminés entre RDC et Nigeria. L’auteur questionne encore : « Les grands singes sont les plus proches cousins de l’homme. Si nous n’arrivons pas à les protéger, que reste-t-il à espérer pour le reste de la biodiversité ? »

+ Les espaces préservés de l’expansion humaine et de l’exploitation des ressources naturelles (forêts, énergies fossiles, terres arables…) à une échelle industrielle représentent aujourd’hui 23% de la terre. Il y a un siècle, la proportion étant encore de 85%. Entre 1993 et 2009 une surface équivalente à l’Inde a été perdue.

+ Au final, massacrer les animaux est quelque chose que nous faisons depuis la nuit des temps, l’arrivée d’homo sapiens sur un continent s’est toujours accompagnée d’un déclin de la mégafaune, avec une chute du poids moyen des gros animaux de 98 à 7,6 kg. Aussi l’homme, qui représente 0, 01% de la biomasse vivante planétaire, a-t-il causé la moitié de la réduction de la biomasse végétale, la division par 7 de la biomasse des mammifères sauvages terrestres, et par 5 celles des baleines et autres mammifères marins. Depuis l’arrivée de l’homme sur terre, au moins 2% de l’ensemble des espèces vivantes se sont éteintes, on pourrait rapidement atteindre les 75% si rien n’est fait pour enrayer le déclin actuel.

Si Jean-Marc Gancille reconnaît que la réalité d’un tel déluge de données accablantes est inaccessible à l’esprit humain tant les échelles de grandeur sont gigantesques, il en tire un constat somme toute assez simple  : « la valeur intrinsèque des animaux est méprisée, leur fonction dans les écosystèmes inconnue voire négligée, leur droit à la vie totalement hors de considération ».

En dénonçant tour à tour la domestication (une « sauvagerie »), la bétaillisation du sauvage, les animaux esclaves de nos plaisirs (notamment au sein des zoos dans lesquels les animaux développent des maladies similaires à celles de l’homme incarcéré – maladies digestives, cutanées, respiratoires, cardio-vasculaires, psychiatriques… avec des comportements stérétotypiques – troubles liés au fait de tourner en rond, se balancer, s’auto-mutiliser… avec pour conséquence de donner aux animaux des antidépresseurs ou tranquillisants) ou la chasse et la pêche, il en vient à résumer de manière argumentée les dangers qui menacent les espèces : 1) la surexploitation (déforestation, chasse, pêche, cueillette), 2) agriculture (agro-industrie, élevage, sylviculture, aquaculture) ; 3) l’étalement urbain (logement, tourisme et loisirs, industrie), 4) la contamination biologique (espèces invasives, maladies, OGM), 5) la pollution (déchets domestiques, effluents industriels, pollution lumineuse…), 6) l’altération des milieux naturels (feux, barrages…), 7) et le changement climatique (tempêtes et inondations, sécheresses, températures extrêmes…).

« Il n’y a plus de justification possible »

De fait, en soulevant le couvercle de la grande marmite du vivant tel qu’on le cuisine, à notre sauce, l’auteur veut remettre les pendules à l’heure : « Nous n’assistons pas à un ‘déclin’ de la biodiversité, à un ‘effondrement’ du vivant, à une ‘extinction’ des animaux, autant de termes qui suggèrent des causes diffuses et incertaines.(…) la responsabilité de cette hécatombe nous incombe totalement, les hommes provoquent délibérément et méthodiquement l’extermination des animaux sauvages ». Pour lui, rien ne justifie plus ce carnage mais il perdure en oubliant que la biodiversité est notre assurance vie. « On peut échapper à tout, sauf à sa conscience. Mais je sais aussi la puissance des mécanismes cognitifs du déni, encouragés par un modèle de société et une culture qui encouragent l’exploitation animale généralisée. »

Devenu végétarien (puis quasi-végétalien) sur le tard, il reconnaît ainsi avoir lui aussi été « formaté à évacuer la cruauté terrifiante que suppose l’alimentation carnée » jusqu’au jour où il réalise que « ceux qu’on appelle les « bons vivants » sont les pires sérials killers. Je n’ai tout simplement plus pu cautionner ça. Du jour au lendemain j’ai cessé toute protéine animale et me passe désormais de l’essentiel des sous-produits animaux » affirme-t-il quand on l’interroge sur ce point.

Et c’est bien cette exigence d’honnêteté qui l’anime : quand on sait, on ne peut plus ignorer. Il faut ensuite mettre en application ce qui en découle. « En son for intérieur, plus grand monde ne peut encore honnêtement soutenir l’injustice criante qui nous conduit à traiter les animaux comme de simples ressources à notre disposition et à les tuer sans nécessité vitale (voir en ce sens le sondage publié cette semaine dans le Monde, NDLR). Et chacun perçoit, plus ou moins consciemment, que cela devient une partie centrale du problème que nous avons à résoudre. Notamment l’impact de notre alimentation carnée ou la destruction du monde sauvage ».

Quand parler honnêtement de l’exploitation animale devient imperméable aux arguments rationnels, faut-il déduire de ces « pulsions autodestructrices » que nous sommes aujourd’hui devenus insensibles et dépendants ? Oui, affirme sans hésiter Jean-Marc Gancille, « il nous faut constater froidement le carnage et assumer être les pires tortionnaires que les animaux aient jamais connus, à une échelle incommensurable. Décider de ne plus se mentir sur ce sujet expose au risque de la misanthropie. Pour dépasser l’indignation stérile qui détruit et qui enferme, nul autre choix que de transformer cette prise de conscience en engagement en faveur de la vie ».

Renverser l’anthropocentrisme sans misanthropisme

S’il reconnaît dans son ouvrage que « faire disparaître cette souffrance animale reste un objectif manifestement hors de portée », il ajoute quand on l’interroge que cela est simplement juste et vital de s’y consacrer. « C’est une condition indispensable pour conserver un peu d’humanité au milieu du charnier, en exerçant de la considération et de la compassion pour autrui. La cause animale est la cause de l’humanité, la clef de la reconstruction éthique, écologique, sociale, et politique. »

Pour agir en conséquence et tenir cette ligne antispéciste, les choses sont simples d’après lui : il existe aujourd’hui de multiples alternatives simples et attrayantes pour vivre sans exploiter les animaux d’aucune façon, à commencer par renoncer à toute protéine animale dans son alimentation. « Mais le combat est avant tout politique et se mène sur de multiples fronts, sans concessions. Il n’y a pas d’élevage responsable, pas de pêche durable, pas de chasse respectable, pas de captivité acceptable. Le moindre mal est toujours un mal surtout pour ceux qui le paient de leur vie » relève illico l’auteur, qui dans ses propos n’hésite jamais à dire et redire la même chose, en martelant ainsi sans relâche sa radicalité.

S’il évoque d’autres solutions comme le développement de l’agriculture végétalienne (cf. le scenario Afterres 2050 pour qui, en divisant par deux la production animale en France, on peut créer 125000 Emplois Equivalents Temps Plein), l’interdiction de la chasse, la fermeture des zoos et Aquariums et le réensauvagement du monde, on comprend surtout que l’essentiel réside dans la sortie d’une relation purement utilitaire au monde – « la nature n’a jamais eu besoin des humains, mais les humains ont besoin d’écosystèmes en bonne santé pour survivre. L’interdépendance est un principe clef du vivant, qui fonctionne dans un équilibre spécifique, avec des fonctions indispensables : pollinisation, productivité primaire, relations entre niveaux trophiques, recyclage de la matière organique, épuration de l’eau, régulation des population, séquestration du carbone, contrôle des agents pathogènes… »

Il s’agit ensuite de changer de regard sur l’animal et comprendre, comme l’ont prouvé des neuroscientifiques de renom dans leur Déclaration de Cambridge en 2012, que les animaux sont doués de sentience : comme nous, ils peuvent souffrir, rechercher du plaisir élaborer des stratégies pour parvenir à leurs fins. Ce qui pousse d’ailleurs la nouvelle théorie animaliste à affirmer que l’animal est un homme comme les autres, interrogeant ainsi de fait ce qui est commun à l’homme et à l’animal, ce que nous partageons avec les bêtes et la manière légitime d’effectuer un effort de symétrie dans notre représentation et notre mise en œuvre de la politique.

Car là est le cœur du sujet, comme l’a prouvé une fois encore l’actualité récente, avec la nécessité dans un premier temps une révision des termes du débat : « diminuer la valeur d’un être vivant, l’altériser, le dépersonnaliser en le noyant dans le collectif anonyme de son espèce facilitent la déconsidération et l’exploitation » relève l’auteur, bien décidé à mettre les pieds dans le plat des processus d’invisibilisation opérés pour minimiser l’inconfort moral qui pourrait résulter chez chacun de la prise de conscience de la violence nécessaire au système pour maintenir sa logique spéciste.

Faut-il passer par le droit ? « Aucune justice, qu’elle soit profane ou divine, ne saurait légitimer un droit à la vie pour les animaux moindre que pour les hommes. Dès lors, disposer de leur existence comme bon nous semble, dans une logique utilitariste, constitue dans tous les cas un abus de pouvoir, un autoritarisme, une discrimination. Les animaux ont tous un intérêt évident à ne pas être violentés ou tués ». Son modèle en la matière ? Zoopolis, de Sue Donalldson et Will Kymlicka, ouvrage aux bases théoriques solides dans lequel les animaux ont un droit inviolable à la vie et une citoyenneté animale graduée selon qu’ils sont domestiques (et jouissent des pleins droits), sauvages (et jouissent de la souveraineté territoriale sur leurs espaces de vie) ou « liminaires » (et jouissent d’une sorte de droit de l’étranger).

Et la fiction alors, peut-elle aider en créant de nouveaux récits ? Que neni nous répond le militant animaliste, « invoquer la nécessité d’un « nouveau récit » s’apparente souvent à une excuse facile pour justifier nos manquements individuels et collectifs. Une histoire parviendrait comme par miracle à nous remettre dans le droit chemin. Je trouve ça un peu facile. Ne nous dédouanons pas de notre responsabilité. Ce qu’il faut réhabiliter c’est la possibilité d’une société où l’exploitation animale ne soit plus la norme. L’horizon de l’abolition de l’exploitation en est un par excellence qui permet de tout réinventer, en se débarrassant pour commencer de cette violence originelle envers les plus vulnérables. »

Il reste donc l’action politique, sujet abordé par l’auteur en invitant les écologistes à se réconcilier avec l’animalisme et à embrasser l’antispécisme (pour lui, « le conservatisme anthropocentré a nettement pris le dessus au sein d’EELV, qui n’hésite pas à défendre « l’élevage éthique » aux dernières municipales sous prétexte que tuer sans nécessité était excusable quand c’était bio et local…« ). « Il faut subordonner toute organisation économique et sociale à cet enjeu. Certains considèreront qu’il s’agit d’écologie punitive mais c’est précisément l’inverse : l’écologie nous punira rapidement si nous n’inversons pas radicalement le cours du carnage actuel. Ce projet politique devra évidemment mettre en œuvre les transitions nécessaires pour accompagner la mutation des métiers qui dépendent de cette exploitation : éleveurs, pêcheurs, bouchers, etc. Cela aurait dû être fait depuis tant d’années déjà… or les gouvernements successifs ont toujours acheté la paix sociale en faisant perdurer ce système inique qui nous mène au bord du précipice. Vivre avec la perspective d’océans intégralement vidés de leurs poissons est un cauchemar qui devient de plus en plus probable. C’est toute la machine climatique qui s’effondrera alors pour le pire. Et évidemment toute perspective d’une économie pourvoyeuse d’emplois ».

Aussi cette lecture sera-t-elle utile à celles et ceux qui doutent encore qu’accorder un droit à l’existence pour tous les animaux n’est pas une question d’idolâtrie ou de sensiblerie excessive, mais bien plutôt d’humanité et d’intérêt bien compris. « L’animal ne demande pas qu’on l’aime, il demande qu’on lui fiche la paix » rappelait déjà Théodore Monod…

Anne-Sophie Novel / @SoAnn sur twitter


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